Décès de Raymond BESSON, « l’homme du quartz à 10-14 »

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Après le baccalauréat, Raymond Besson devient professeur de Physique au lycée de Dole. Il prendra alors un congé sabbatique pour suivre les cours de l’Ecole Normale Supérieure de Paris en auditeur libre. Sa carrière sera finalement universitaire. Il entre au laboratoire de Chronométrie de Besançon, dirigé par Pierre Mesnage, travaille sur la mesure de constantes piézoélectriques non-linéaires du quartz et obtient le titre le titre de docteur ès Sciences Physiques en 1970 (son président de jury était Louis Néel, et la soutenance a eu lieu le jour de l’annonce du Nobel attribué à Louis Néel). Maitre de conférences à l’Université de Besançon dans un premier temps, il devient Professeur à l’ENSMM (à l’époque ENSCMB) de 1974 à 2006 et succède en 1978 à Pierre Mesnage à la tête du Laboratoire de Chronométrie, Electronique et Piézoélectricité qu’il dirigera jusqu’en 2002, et qui intégrera l’institut FEMTO-ST en 2004 pour faire partie ensuite de manière naturelle du département Temps-Fréquence à la création de ce dernier.

Doté d’une forte personnalité, il poursuit ses idées sans se laisser détourner par les critiques, se laissant guider par son intuition et son sens des relations. Il développe ainsi dans les années 70 des résonateurs à quartz à électrodes non-adhérentes, dits BVA, qui lui confèrent une solide réputation internationale. Il va mener l’aventure de ses résonateurs jusqu’à la production industrielle au sein de la société BVA Industrie. Celle-ci n’obtiendra pas les succès escomptés, mais les BVA seront produits sous une autre forme par la Société Oscilloquartz SA, à Neuchâtel. En même temps, il tisse de nombreuses relations avec des scientifiques américains et russes pour lesquels il organise des séjours au LCEP, anticipant l’internationalisation des laboratoires. Il est le fondateur du congrès European Frequency and Time Forum et organise avec ses homologues américains le premier Joint Meeting IEEE IFCS / EFTF à Besançon en 1999.

Grand Prix de la Société Française des Microtechniques et de Chronométrie en 1979, Raymond Besson sera Président de celle-ci de 1992 à 2002. Très conscient de la nécessité de structurer et fédérer la communauté nationale du Temps-Fréquence, il a toujours travaillé à ce que les résultats des laboratoires se traduisent par l’éclosion de produits et services concrets accessibles au monde économique et social.

Très attaché aux institutions laïques de la République, Raymond Besson a mené une carrière institutionnelle en parallèle à sa carrière scientifique. Peu après les Assises de la Recherche tenues en 1981 à l’Instigation de Jean-Pierre Chevènement, il devient le premier DRRT (Délégué Régional à la Recherche et Technologie) de Franche-Comté, fonction qu’il occupe de 1982 à 1999, avant de devenir membre du Conseil Economique et Social de Franche-Comté de 2001 à 2006. Il a d’ailleurs obtenu de nombreuses récompenses et distinctions dans les deux domaines, scientifique et institutionnel : Grand Prix du Général Ferrié, Prix Science et Défense, Médaille Jules Haag, prix IEEE Cady, mais aussi Officier des Palmes Académiques, de la Légion d’Honneur et de l’Ordre du Mérite.

Obstiné et dynamique, Raymond croyait profondément à la promotion par le mérite. Il haïssait le népotisme, le politiquement correct et l’arrogance de certaines élites. Profondément convaincu de la nécessité de maintenir et développer les talents et activités au niveau régional, il voulait faire mentir l’adage « Il n’est bon bec que de Paris ». Il savait aussi donner leur chance aux jeunes et leur laissait beaucoup de liberté après leur avoir accordé sa confiance. Ces derniers temps, il s’était pris d’intérêt pour l’influence des effets quantiques sur le cerveau et les comportements humains. Nous ne saurons jamais quelles conclusions il s’apprêtait à en tirer, mais nous savons déjà la place qu’il a tenu dans et pour la communauté temps-fréquence, et sans doute bien au-delà, grâce à l’originalité de sa personnalité et à sa force de caractère.

Bernard Dulmet, FEMTO-ST, Besançon, France

-> Plus de détails sur la vie de Raymond (en anglais)