Le facteur temps ne sonne jamais deux fois

Les physiciens, eux, l’ont couplé à l’espace, en ont fait une variable mathématique, abstraite, qu’ils intègrent dans des théories audacieuses, spectaculaires, mais si complexes qu’elles sont difficiles à traduire en langage courant. Certains disent même avoir identifié le moteur du temps. Quant aux philosophes, ils ne cessent depuis plus de deux millénaires de lui tourner autour, et de le soumettre au questionnement : Le temps est-il une sorte d’entité primitive, originaire, qui ne dériverait que d’elle-même ? Ou procéderait-il au contraire d’une ou plusieurs autres entités, plus fondamentales : la relation de cause à effet, par exemple ? Le temps s’écoule-t-il de lui-même ou a-t-il besoin des événements qui s’y déroulent pour passer ? S’apparente-t-il au devenir, au changement, au mouvement ? Et au fait, le temps a-t-il eu un commencement ? À toutes ces questions, la physique apporte des éléments de réponses, souvent fascinants. Mais aucune discipline ne parvient à épuiser, à elle seule, la question du temps. C’est pourquoi nous avons croisé les regards. Et lorsqu’on met côte à côte nos discours sur le temps, les arguments des philosophes et les théories des physiciens, que se passe-t-il ? Sans aucun doute de belles et troublantes choses… C’est exactement ce que nous avons voulu savoir.

L’empire du temps : Les horloges d’Einstein et les cartes de Poincaré

L’un et l’autre avaient compris que pour appréhender le monde global, il fallait déterminer s’il existait un temps pur ou si le temps était relatif. À leurs postes, et à ce moment précis de l’histoire industrielle, tous deux étaient idéalement placés pour remettre en cause les conceptions anciennes du temps et de l’espace.
Peter Galison démontre avec une remarquable clarté combien les objectifs industriels ont enrichi non seulement la science mais aussi la philosophie. La recherche fondamentale peut-elle dès lors vivre sans la recherche appliquée.

Longitude

Pourtant, l’histoire des sciences ayant parfois des allures de roman, c’est un humble horloger, John Harrison, qui trouva la solution. Il construisit le premier chronomètre résistant à la houle du grand large mais dut faire face à l’animosité du milieu scientifique et à la mauvaise foi des représentants de l’Empire britannique. Une incroyable histoire dont tous les fils politiques, scientifiques ou académiques sont ici brillamment dénoués.

Histoires du temps

Une histoire ? Des histoires, plutôt. Car les formes du temps s’enchevêtrent en de complexes arabesques, en des interférences raffinées. Bien des récits du passé sont alors possibles et se croisent, bien des avenirs sont encore ouverts…
A chaque grand carrefour de l’histoire du pouvoir change la mesure du temps, signal annonciateur. Le gnomon, la clepsydre, l’horloge astronomique, la montre, le chronomètre de marine et la pointeuse d’usine révèlent certaines de ces grandes fractures. De même, aujourd’hui, notre avenir, ses richesses et ses ruines, ses espérances et ses cauchemars sont inséparables de l’usage que nous ferons du temps, autrement dit de l’usage que nous ferons de nous-mêmes.
Voici donc des histoires du temps. Histoires de pénitence et de fête, de sacrifice et de carnaval, de violence et de sourire. Puissent-elles aider à mieux faire poindre en chacun l’aube d’un temps de vie, de tolérance et de liberté.